chapitre 11 - Docteur C... sauveur de l'humanité

Peut être avions nous un peu trop investi ce spécialiste, mais il faut avouer qu'en sortant de notre 1e rendez vous nous étions unanimes: ÉTRANGE...

Étrange parce que d'un côté, enfin, nous avions fasse à nous un docteur qui semblait connaitre la question. Il nous a tout de suite confirmé que nous pouvions, en théorie procréer (quel tendre mot) seul mais que force était de constater que depuis 2006, sans aucun contraceptif ,ça ne fonctionnait pas.
Il nous a ensuite dit, en voyant les tests prescrits par l'ancienne gynécologue que c'était ridicule, ils ne servaient à rien sauf à perdre du temps (ouf enfin quelqu'un partageait notre avis) et nous a programmé une insémination artificielle pour janvier 2009. Donc oui, clairement on avait enfin l'impression d'avancer quelque part. Insémination en janvier 2009... je fêterai mes 30 ans en couvant mon petit bébé, le timing était parfait!

Mais tout de même, étrange parce que, si il était certain que ce spécialiste s'y connaissait, il était incroyablement désagréable. Mais alors d'une puissance dans le manque de tact, le manque d'écoute, un regard hautain et autoritaire, cette petite moue qui semble vraiment vous prendre pour des imbéciles, j'étais choquée par ce rendre vous. Déjà il nous avait reçu avec 1h30 de retard, quand j'avais osé émettre une remarque il m'avait fait taire d'un geste de la main. On ne critique pas la sommité. Il ne nous avait pas même regardé pendant le rendez vous. Pas une fois. Nous n'étions pas vraiment des êtres humains. Juste des patients. Et un patient, ça patiente alors de quoi on se plaint!
Ensuite, en parlant du traitement (d’innombrables prises de sang suivies de rendez vous de lecture des résultats pour établir avec exactitude la date de l'insémination) j'avais demandé si il n'était pas possible de faxer les résultats des prises de sang. Il m'avait jeté un regard noir en me disant que si je n'étais pas assez motivée pour assumer les déplacements du laboratoire à son cabinet, cela n'était pas la peine de commencer le traitement. Ok. Compréhensif le toubib! Et puis les honoraires étaient de 90 euros la visite, 70 euros de dépassement d'honoraire pas remboursé par notre bonne vieille sécurité sociale. Même si un rendez vous avec son cabinet ne consistait qu'à venir déposer les résultats de la prise de sang, pourquoi se serait il passé d'une telle manne providentielle?

C'est vrai qu'en sortant du cabinet nous avions la désagréable impression d'être des pigeons, mais en même temps rien n'était plus doux à mes oreilles que le son de ces nouveaux mots: "insémination artificielle". Il est certain que cela aurait rebuté plus d'une femme. Que la dimension vache reproductrice aurait du calmer mes ardeurs, mais non, je sentais que cette fois ci, enfin, on touchait au but!
Sofiane lui c'était amusé d'un autre point qui, en y regardant de plus prêt était tout aussi étrange: Docteur C.. notre sauveur était un pratiquant chevronné. Pas le petit pratiquant du dimanche, mais plutôt le prêcheur camouflé. En effet notre nouveau meilleur ami était croyant. Peut importe me direz vous. Mais c'est vrai qu'à y regarder de plus près son bureau était un peu angoissant pour des patients non croyants comme nous. Sur le bois d'ébène lissé trônait divers éléments religieux, d’innombrables tableaux évocateurs aux murs, enfin tout pour que deux pauvres petits païens comme nous se sentent mal à l'aise dans l'antre du religieux ostentatoire...

Mais soyons sincère, peut m'importait, il pouvait bien me demander de me convertir, obliger Sofiane à porter une kippa, nous étions en septembre et dans quatre petits mois nous aurions un bébé!