Ici vous trouverez mes aventures (PMA et adoption), mes inquiétudes (comment rester zen ?), mes réflexions (et nos hommes dans tout ça ?) ou mes investigations (le jaune d’œuf aide-t-il vraiment à la fertilité ?).

En octobre 2011 une maison d’édition a proposé de transformer le blog en livre. Nous avons même eu nos 15 secondes de gloire pendant une émission des maternelles en octobre 2012 sur France 5.

Venez vous joindre à toutes les lectrices roses bonbon qui commentent les billets et racontent leurs parcours..

"Le coup de cœur du jour :
Sur Internet, on trouve aussi des pépites... D’ailleurs, les maisons d’édition le savent bien, puisqu’ils ont proposé à la blogueuse Marie, qui écrit à propos de son parcours du combattant, de publier un livre. Alors, je ne peux que vous conseiller ce livre extrêmement bien écrit. Son auteur y détaille ses examens avec truculence, douceur, larmes... Elle incarne à merveille le parcours des femmes dans cette longue attente
."
Extrait de la chronique d'Elsa, Les maternelles, émission du 10/10/12

Chapitre 98: Aie Aie Aie!

Une grande enveloppe marron attend sur le bureau depuis 2 semaines. Le dossier qu’elle contient est complet. Il ne nous manque plus que le certificat de mariage qu’on nous remettra samedi midi juste après la signature des registres. Petit passage d’alliances à la mairie et hop hop on envoie le dossier de demande d'agrément pour l'adoption!

La pression monte un peu. Rendez vous fixé dans 2 jours à 11h devant la mairie. Puis direction un joli restaurant retro dans le 20e.

D’ou peut venir cette pression ? Ce n’est pas l’engagement qui m’inquiète. Au contraire j’aime l’idée qu’on construit notre petit nid pour accueillir, un jour, notre bébé venu du bout du monde. Non la pression vient d’ailleurs. Et si personne ne s’amusait ? Si l’ambiance n’était pas festive ? Si une polémique politique venait opposer mon témoin (hyper politisé à gauche) avec mon père (hyper politisé à droite) ?
Aie Ai Aie ! J’imagine déjà  voler dans la pièce les bouteilles de vin à 30 euros entre deux jurons sur Sarkozy ou Melanchon ! Non pitié pas ça!

Ou pire… L’autre jour j’ai rêvé que la famille se mettait à faire des réflexions désobligeantes genre "Il ne porte même pas de costard le rejeton... Je ne l'ai pourtant pas élévé comme ça..." J’en ai des sueurs froides…
  
Pour me relaxer je lis beaucoup en ce moment. Surtout des ouvrages sur l’adoption (ce qui ne me détend pas du tout !) J'apprends à réfléchir sur d’innombrables points que je n’avais pas même envisagé jusque là… Quels sont les enjeux de la filiation adoptive ? (Bah c’est mon enfant quoi… Non c’est pas bon comme réponse ??) Sommes nous prêt à adopter « un enfant à particularité » ? (Genre un manchot ??) Comment comprendre et accompagner un enfant qui a vécu l’abandon ? ( vous croyez qu’il peut être pyromane le petit ??) Enfin bref tout cela est très intéressant , on arrive même a en rire (or j’ai toujours pensé qu’on peut rire de tout, ça rend plus fort) mais une chose est sûr, ça n’est pas très bon pour lutter contre la pression…

Mariage samedi… Bientôt les premiers entretiens avec les psy pour l’adoption… Et notre rendez vous le 16 mars avec Bichat pour préparer la FIV 3 à venir… Aie Aie Aie!

P.S: Surtout que d'après mes calculs savants les coquelicots de Martine vont débarquer 

P.P.S: oh lalalalala et si jamais il pleut à verse? Je vais friser comme un mouton!!!!

Respire Marie... respire... Et vous vos mariages les filles c'était comment?

Pause ludique

Salut les filles!

Cela fait 97 chapitres que le sujet de la maternité est abordé. Il est grand temps pour une petite pause ludique. Je vous propose donc un peu de légèreté sur le blog rose bonbon !

J’ai été "taguée" par Loli la Pmette. Je ne connaissais pas ce petit jeu et ça m’a bien fait rire quand j’ai découvert les règles.

Donc l’idée est que les blogueuses se taguent entres elles. On doit raconter des anecdotes à propos de nous sur notre blog puis taguer d’autres blogeuses. L’idée m’amuse alors j’ai pensé que ça pourrait vous plaire aussi chères lectrices.

J'espère que Loli tu ne m en voudras pas, mais je ne vais pas respecter les règles. J’aimerai que la communauté rose bonbon puisse participer (même celles qui n’ont pas de blog).

Donc je vous raconte 6 choses sur moi et ensuite c est à vous de jouer! Dans les commentaires, vous devez raconter 6 choses sur vous… Je sens qu’on va se marrer !

1/ Je ne suis pas toujours très coquette. Enfin ça dépend des moments. Je peux rester en pyjama toute une journée, autant que passer une heure à me pomponner. Mais globalement je me maquille peu. Ma folie à moi c'est mes mains ! J’adore me mettre du vernis. C’est ma passion superficielle et bébête à moi ! Je suis une bimbo de l’ongle !  :applose:

2/ Une fois, je devais avoir 14 ans, j’étais avec 3 copines dans un bus. On riait tellement que je me suis fait pipi dessus ! :ouin:

3/ J’ai peur de conduire. Pourtant j’ai eu mon permis du premier coup à 18 ans. J’ai conduit pendant des années la vieille voiture de ma mère. Mais depuis 4 ans que nous sommes à Paris je n’ai plus jamais touché un volant et maintenant je n’ose plus… :grattelatete:

4/ Un jour j’étais à un arrêt de bus et un grand monsieur, costaud, la quarantaine avec un visage flippant me regarde. Il ne me lâche pas des yeux. Au bout de 5 minutes je suis totalement terrorisée. Toujours en me fixant le type s’approche de moi. Panique absolue. Je me vois déjà assassinée en pleine rue. Le gars se penche, je sens son souffle sur mon cou. Et alors que je m’apprête à hurler il me dit à l’oreille « Madame, je suis policier, nous suivons discrètement un groupe de pickpocket. Vous devriez fermer votre sac à main que vous avez laissé, de façon très imprudente, grand ouvert sur le banc de l’arrêt de bus! » La honte… :???:

5/ J'ai peurs des insectes. A 20 ans je suis partie avec 2 amis pour un voyage inoubliable au Sénégal. A peine arrivée, je fonce sous la douche tellement la chaleur est violente. L'eau fraiche coule sur mon visage et là, sort du trou d'évacuation d'eau, au sol, 2 énormes cafards! Ils courent sur mes pieds nus pour s'enfuir. J'ai hurlé en courant à poil dans tout l'hôtel! Je ne m'en suis jamais remise...

6/ Je suis nulle en orthographe. Vous l'avez peut être déjà remarqué... L'autre jour mon patron m'a rendu mon rapport tout bariolé de rouge en me disant l'air gêné: "Marie, là je crois que vous ne vous êtes pas relu"...


A vous de jouer...

Chapitre 97: "Un enfant à tout prix"

Hier soir documentaire sur France 2. J’avais bien envie de regarder Amandine, premier bébé FIV, née il y a trente ans. Mais je me suis laissée happer par le docteur House...

La critique Télérama était pourtant bonne. "Sujet sans analyses simplistes, ni voyeurisme".

Mais l'ultime phrase de l'article me laisse songeuse : « Etat des lieux des couples qui veulent un bébé à tout prix. »

 « Un bébé à tout prix »…

Je n’aime pas cette expression. Elle a un côté désespéré. Comme si la détresse d'une vie sans enfant pouvait nous pousser à toutes les folies. Je ne vois pas la FIV ou l'adoption comme une folie.

Voulons nous vraiment un enfant à tout prix ?

Quel prix sommes nous prête à payer pour réaliser ce désir d’enfant?
Je veux être mère. C’est mon souhait le plus cher. Certes.

J’ai une belle vie. Mais une vie vide d’enfant. C’est douloureux. Mais c’est tout de même une vie pleine d’autres choses.

Nous combattons toutes pour devenir maman. On garde le poing levé.

Dans cette bataille pleine de protocoles, de médecins et d’attente, nous y laissons beaucoup. Du temps. De l'énergie. Un peu de notre santé aussi avec toutes ces hormones qu’on s’injecte. On investit beaucoup c’est évident… Il y a, pour nous infertiles, un prix à payer à ce désir d’enfant.

Mais est ce pour autant que nous voulons un bébé à n'importe quel prix ? Pas si sûr…

Serions nous, par exemple, prête à sacrifier nos maris pour ce désir de bébé ? Prête à trouver un autre compagnon plus fertile ? Pas certaine… En tout cas moi non.

Je veux devenir mère. Fonder un foyer avec mon chéri. Voir ensemble grandir nos petits, qu'ils viennent de mon ventre ou du fin fond de l’Amazonie. Mais je ne réaliserai pas ce rêve à n’importe quel prix.

Par exemple serions nous prête à voler un enfant dans une maternité? On en plaisante souvent entre nous sur le blog rose bonbon. Rire permet de faire reculer la douleur de l’attente. Cela ne fait pas de nous des kidnappeuses en puissance!

Irions nous acheter un enfant dans un pays pauvre? Jamais je n’arracherai un enfant à ses parents biologiques pour assouvir mes désirs de maternité.

La sciences nous permets d’espérer. C'est tout. Il ne s'agit pas d'avoir un enfant à tout prix. Nous ne sommes pas prête à toutes les folies. Nous nous battons avec les armes que la sciences nous donne pour réaliser notre rêve. Rien de plus.

Et si ce rêve ne se réalise jamais ? Alors la vie sera pleine d’autre chose. Sans doute. Je suis certaine que même de cet échec là on se relève. Mais je ne l’envisage pas vraiment. Au fond je suis persuadée que ça marchera un jour. Que nous serons toutes des mamans heureuses, quelque soit le chemin...

PS: Et vous les filles, vous avez regardé l’émission ?

Humeur du jour: Adieu...

Nous sommes mercredi soir et je me love dans mon petit canapé pour regarder Grey's anatomy. J'adore cette série! Drôle, totalement farfelue et irréaliste mais que voulez vous elle me plait! Je perds tout esprit critique dès que j’entends les premières notes du générique.

Enfin… Elle me plaisait parce que aujourd'hui j'appelle au boycott! L'épisode d'hier était terrible pour mes nerfs! Je m'en remets à peine!

Je pense que celles qui ont regardé partageront ma colère et que celles qui n'ont pas vu… et bien… comme elles n'ont pas vu c'est que inconsciemment elles avaient déjà commencé le boycott!!

Je vous raconte: La Grey, médecin à l'hôpital de Seattle, est mariée au beau docteur mamour. Elle veut tomber enceinte mais les piqûres d'hormones ne marchent pas. Déjà 6 mois qu'elle se shoot à coup d'oestrogène.

Un beau matin un petit bébé, tout joli, arrive pour une opération. Un orphelin. Le couple décide illico d'adopter la couche culotte. On ne tergiverse pas au Seattle Grace (c'est le nom de l'hôpital!).

Là, à ce stade de la série, j'oscille déjà entre identification (parce que après tout elle est comme nous la Grey, une combattante de la PMA !!) et quand même un petit début de haine parce que le couple n’a pas même fait une FIV que déjà il reçoit, tombé du ciel, un orphelin à adopter.

N’étant pas totalement folle, je comprends bien que c'est une série et pas le reflet de la réalité… Mais quand même la jalousie monte en moi…

Et alors là : le pompon !! La fin de l'épisode est énoooorme! J’en reste sans voix ! Je nous fait limite une syncope tellement je contiens ma colère !

Donc le couple de docteur fait son dossier d'adoption dans la journée. Oui vous entendez bien, une petite journée ! Le soir même, une jolie assistante sociale se présente à l’accueil de l'hôpital et demande à voir la Grey pour vérifier si l’adoption est envisageable. Le lendemain la réponse tombe par texto :
« Le bébé est à vous! Vous pouvez le ramener chez vous dès ce soir »

Là, forcement, j'ai du éteindre la télé et manger une barre de chocolat pour m'en remettre!

Récapitulons :
Procédure d'adoption française: compter au minimum 5 ans
Procédure d'adoption dans série américaine: 2 jours

Les filles c'est avec ces mots que je vous embrasse toutes et vous dis adieu.
Je m'en vais, je pars vivre dans une série américaine!
Si vous me cherchez, regardez TF1 dans la saison prochaine de Grey's Anatomy, je serai la grassouillette qui est neurochirurgien (Bah quoi? Si on peut adopter en 2 jours , on peut bien devenir neurochirurgien en 1 an, non???) Sachez qu'ils recrutent donc on peut partir à plusieurs!

Cool  Cool   Cool  Cool  Cool  Cool
Ps: Bon bien sur c'était pour rire tout ça, jamais je n arrêterai de regarder Grey's Anatomy!!

Chapitre 96 : La jeunesse

Lundi midi. Salle de pause. Tout commence innocemment. Un article de journal fait le point sur la position américaine en matière d'avortement. Pas réjouissant. On y brûle sur le bûcher des sorcières les femmes qui font le choix douloureux de ne pas mener à bien leur grossesse.

Immédiatement les yeux des convives s'illuminent. Sujet polémique du jour lancé autour du café bouillant de la salle de pause. Je sens qu'on va se marrer!

Chacun y va de son avis. Quelques plaisanteries graveleuses entourent les prises de position. Jusque là le débat reste nuancé. On s'amuse plutôt bien.

Un collègue est mitigé sur le sujet: "On doit éduquer les jeunes à l'utilisation des contraceptifs".

Une copine blondinette relève en riant: "Les femmes sont libres de leur choix. L'avortement c'est un droit arraché de longue lutte. Bien sur il faut éduquer mais sans remettre en cause nos acquis".

L'assistance acquisse en avalant la boisson amer et fumante. Moi je suis d'accord avec elle mais je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer recevoir au service une femme enceinte qui ne voudrait pas de son enfant et déciderait de me l'offrir. Le rêve!!

La blondinette raconte qu'elle ne se voit pas maman si jeune. Elle explique que, peut être, si elle tombait enceinte, elle avorterait. Elle n'affirme rien, mais s'interroge.

Une voix accusatrice interrompt le propos.

"Mais comment tu oses dire ça??"

Le ton est péremptoire et acide. La vérité va être dite et on doit l'écouter.

La petite nouvelle du service, 20 ans, fraîchement débarquée de son lit d'adolescente, a parlé. Elle est grande et maigre. De long cheveux châtain coule sur son visage anguleux. Pas vraiment jolie. Elle expose avec force ses convictions. Elle a un avis sur tout et aucun doute sur rien.

J'ai toujours été fasciné par les gens qui pensent détenir la vérité. Ceux qui sont persuadés que leur point de vue ne peut être que le bon. Ca me parait tellement fou que ça m'amuse.

Elle est de celle là.

Immédiatement son entrée en matière me fait rire. Un collègue me regarde, complice, et me dit: "Elle ne doute de rien la petite." Puis religieusement nous baissons la tête pour écouter son sermon.

Pendant 5 bonnes minutes elle nous explique que l'avortement est le mauvais choix. Elle fait la leçon à la jolie blondinette et conclu par ces mots:

"Si tu as un enfant il faut le garder voyons!"

J'explose de rire. Impossible de me retenir. Toute cette jeunesse trop pleine de certitude m'amuse tellement que je me marre franchement en l'écoutant. J'emporte avec moi quelques collègues et nous finissons nos cafés dans la bonne humeur.

En rentrant dans mon bureau je repense encore à la conversation. Immédiatement je songe à mon envie de bébé. Je suis heureuse qu'elle ne soit pas au courant des FIV ou de l'adoption. Je l'imagine m'assener ses vérités idiotes du style "Non Marie tu ne vas quand même pas adopter?" ou "Mais les FIV c'est pas très naturel tu dois arrêter tout de suite!" ...

Il y a beaucoup de meurtres dans le milieu professionnel vous pensez??

Chapitre 95: Cheval de labour

Tout en mastiquant mon sandwich, je lis avec délectation un article publié en première page d'un magazine gratuit. 

Une vieille dame raconte sa vie. Elle explique qu'elle s'imaginait, petite, avec des jumeaux et que la vie lui a réservé bien des surprises. Elle a ainsi eu 8 enfants de 3 pères différents. 4 paires de jumeaux. Chose rarissime d'après les spécialistes. Elle pose, souriante, au milieu de tous ses bébés devenus grands.

En ôtant un petit morceau de salade d'entre mes dents je me revois petite.

Depuis toujours j'ai voulu une famille nombreuse. Toute lobotomisée que j'étais par mes séries américaines, je me voyais courir parmi les herbes hautes d'une petite prairie avec en bruit de fond la musique du générique de la famille Hingalls. Mes 4 enfants couraient près de moi et en arrière plan le père nous attendait sur son cheval de labour. (D'ailleurs je me marre toute seule rien qu'en imaginant mon chéri trotter sur son cheval pour aller faire les champs... Lui qui ne peut pas vivre sans son spray antibactérien et son portable!!)

Adolescente je me suis plutôt vue avec 2 enfants. Une tribu modeste me paraissait plus dans l'air du temps. J'étais dans ma phase working-girl où je m'imaginais courir en talon aiguille pour attraper un avion tout en poussant mon landau coloré.

Finalement rien ne s'est passé comme prévu. Je me retrouve à 33 ans avec 2 chats! Remarquez cette étape félin est assez amusante aussi. Au moins un chat à la malice de faire des bêtises exotiques! Par exemple ce matin un des minous a décidé d'uriner dans le saladier de la cuisine. Un joli récipient en bois rempli de clémentines. L'odeur lui aura sans doute titillé la vessie... Franche partie de rigolade au petit déjeuner!

Non les filles, moi je dis que puisque pour nous avoir 8 enfants semble compromis, il ne nous reste plus qu'à devenir productrices télé pour créer une série dont l’héroïne sera une infertile! Au moins la futur génération ne sera pas lobotomisée par la famille Hingalls!!

Chapitre 94 : Réunion de service

Je viens de recevoir le mail d’une copinaute. Nous avions fait notre protocole PMA en même temps. Le résultat vient de tomber. Pas de grossesse pour elle non plus. Nous sommes de nouveau reparties dans l’attente. Elle m’écrit le choc de l’échec. Âpre et rude. Qu’au tumulte des piqures et de l’attente des résultats a suivi un grand vide. Vide de l'échec. Vide d'une vie sans enfant. Elle m’a donné envie d’écrire ce petit chapitre que je lui dédie. Je voulais lui montrer qu’après le vide, la vie reprend et l’espoir revient. Toujours...

Il est 11 heures du matin. Je baille pour les 100ème fois. La tasse fumante de café qui me tient compagnie ne suffit pas à me tenir éveillée. J’ai du mal à garder les yeux ouverts tellement le propos est monotone. Comme chaque mois une réunion de service ponctue notre activité. Le directeur, un petit monsieur dur mais souriant, parle chiffres et politiques. Assommant.

 Cela fait maintenant une semaine que le protocole de la FIV 2 s’est achevé sur un échec. Les premiers jours ont été tristes. Puis la vie a repris. La vie d’avant l’espoir d’être enceinte. Des tonnes de travail et de dossiers à mettre à jour. Des chats à nourrir. Des diners entres amis à préparer. Le cours habituel des choses. Les piqures en moins. C’est plutôt agréable toute cette routine qui se réinstalle. Un repère au milieu de tout ce vide.

« Marie, vous êtes avec nous ? »

La voix sévère du directeur me sort brutalement de ma rêverie. Plongée dans mes pensées je n’ai rien suivi de la conversation. Autour de la table une 20aine de personnes me dévisagent en souriant.

« Euh pardon je réfléchissais… »

Eclat de rire général. Immédiatement le feu me monte aux joues. Le visage pivoine, je baisse les yeux.

« Chers collègues, je souhaite vous faire part d’une grande nouvelle qui concerne Marie. Celle-ci va se marier très prochainement.  Félicitons-la chaleureusement»

Applaudissement. On se lève et on vient m’embrasser. Liesse générale dans un service de la ville de Paris. L’assemblée est tellement heureuse de ne plus avoir à écouter le monologue sans fin du directeur que tout le monde y va de sa petite question. Je suis, pour quelques minutes, l’objet de toutes les attentions.

 « Tu porteras une robe blanche ? »
« Ça fait combien de temps que vous vous connaissez ? »
« Si ça se trouve tu es déjà enceinte, non ?
»

Pour me donner de la force, je bois une gorgée de boisson chaude. Puis, méthodique, je réponds dans l’ordre:

« Alors non pas de robe blanche, juste une petite cérémonie entre amis »
« Avec mon chéri on fricote depuis déjà 8 ans »
« Et non je ne suis pas enceinte. Justement en parlant d’enfant on se marie pour lancer notre procédure d’agrément. C'est officiel, nous allons adopter »
.

 Là minute de silence dans la pièce. Même le directeur en a lâché sa moitié de croissant au beurre.

Tout en souriant, j’ai parlé bien fort pour que chacun entende. Je suis sûre de moi et ça m’étonne. Je ne peux pas expliquer pourquoi j’en ai parlé. Pourquoi à ce moment-là. Devant tous ces collègues dont j’ai de l’affection pour à peine une moitié. Disons que tout m’a paru simple. Pour la première fois. Une évidence. Comme si annoncer notre projet d’adoption le rendait enfin réel. Accessible.

On me félicite de nouveau. On s’accorde pour  trouver le choix courageux.  Puis le court normal de la réunion reprend. Le sujet ardu des bilans de l’année 2011 est amorcé et le monologue du directeur se met en route. Ronronnement habituel des politiques. La page « mariage de Marie » est tournée.

De nouveau dans l’ombre je peux me détendre. Je n’aime pas particulièrement être au centre des choses. Ça me met mal à l’aise.

Assise, en tête à tête avec mon café, je peux reprendre le cours de ma rêverie.

Nous allons adopter. Pour de vrai. Je souris en pensant à toutes ces années de réflexions sur le sujet. Ça avait l’air tellement improbable. Compliqué. Douloureux. Et puis une seule petite annonce faite à des collègues a suffi à rendre la chose concrète. Nous allons adopter. En parler, l’assumer, ça à débloqué quelque chose en moi. Une nouvelle porte s’est ouverte. En annonçant que la procédure d’adoption commençait, le vide que je ressentais depuis l’échec de ma FIV s’est comblé. D’un coup. Je sais où je vais et ça fait du bien. Je suis heureuse.

Et moi et moi et moi!!!!

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Bonjour à tous, j'ai 32 ans, cela fait déjà 6 ans que je mène mon combat contre l'infertilité. De visites chez des docteurs plus ou moins compétents en courbes de températures... D'examens ubuesques et d'inséminations en fécondation in vitro... Nous sommes déjà le 26/07/11 et toujours pas de bébé... je crée aujourd'hui ce blog pour vous raconter mon histoire, pour partager avec ceux que cela intéresse mon expérience, entre rire et déprime, dans l'espoir de pouvoir fonder une petite communauté de soutien autour de ce sujet difficile qu'est l'infertilité... N’hésitez pas à partager avec moi vos expériences et puis c'est sûr un jour on y arrivera!!!