Après un sujet rigolo comme le transfert d'amour sur un chat chat à sa maman, aujourd'hui un sujet polémique: l'inconscient!
J'ai découvert un article sur Famili. C'est un peu long mais très intéressant, vous me direz ce que vous en pensez les filles! J'ai bien envie d'acheter le livre... Elle avait donc raison la douce voix des audios... Le mental compte aussi...
Parfois notre inconscient, fruit de notre histoire, peut retarder ou même empêcher une grossesse. C’est le thème passionnant du livre de Joëlle Desjardins-Simon "Les verrous inconscients de la fécondité", psychanalyste dans un service d’AMP
L’histoire personnelle du couple est-elle liée à sa fertilité ?
La fertilité d’un couple résulte d’une alchimie mystérieuse, complexe et… incontrôlable. Or, depuis quelques dizaines d’années, la généralisation de la contraception a donné aux femmes l'illusion d’une certaine maîtrise de leur corps. Elles arrêtent la pilule et, hop, espèrent être enceinte dans la foulée. Les progrès techniques des méthodes d’AMP (assistance médicale à la procréation) ont aussi produit un nouveau leurre : la médecine pourrait tout résoudre ! De plus en plus de couples, de plus en plus jeunes et de plus en plus tôt, font appel à elle .
Or, un enfant ne se fabrique pas en « claquant des doigts », ce n’est pas si simple ! On peut vouloir consciemment un bébé, on le désire très fort, mais quelque chose à l’intérieur de soi résiste. A notre insu, notre inconscient est à l’œuvre et peut empêcher une grossesse, car le chef d’orchestre c’est lui ! Et quand il y a conflit entre l’inconscient et le conscient, c’est toujours l’inconscient qui gagne…
Selon vous, il y a même une « preuve » de l’importance de l’inconscient dans les troubles de la fertilité…
Depuis trente ans, les techniques d’AMP ont énormément progressé. Pas les résultats. Les chances d’aboutir à une grossesse après une insémination artificielle, une fécondation in vitro ou un transfert d’embryon in utero sont en moyenne de 16 % (Agence de la biomédecine, année 2007). Ce chiffre est considérablement inférieur aux taux de réussite obtenus par insémination artificielle chez les animaux d’élevage. Que signifie cette différence entre le genre humain et le règne animal si ce n’est, selon moi, la force de l’inconscient.
Qu’est-ce qui peut donc bloquer ?
Parmi toutes les raisons qui peuvent verrouiller la fertilité, qu’elle soit masculine ou féminine, on trouve des carences affectives, des deuils, des abus sexuels, des secrets de famille pesant sur plusieurs générations, des avortements, des fausses couches… Toutes choses n’ayant pas pu être mises en mots et « digérées ». Devenir père ou devenir mère oblige également à renoncer définitivement à sa place d’enfant. C’est parfois impossible…
L’histoire de Pascaline et Adriana
- Pascaline: Son père meurt quand elle a 10 ans, et c’est elle qui soutient sa mère dans cette épreuve. Adulte, elle trouve auprès de son compagnon la bienveillance et l’amour qui lui ont manqué. Avoir un enfant ferait perdre à Pascaline cette sécurité infantile qu’elle réclame et dont elle a tant besoin. Cela l’obligerait également à « trahir » sa mère qu’elle continue de materner. Il lui est impossible de concevoir!
Pour donner la vie, il est donc fondamental de s’inscrire dans la différence des générations. Et aussi dans celle des sexes. Ainsi, il arrive qu’un homme n’ayant pu s’identifier à un père déficient évite la paternité pour ne pas être confronté à une virilité difficile à endosser. Etre à sa place revient constamment dans le problème de l’infertilité.
Cela fait quinze ans que je travaille en tant que psychanalyste dans un service d’AMP. Sur les centaines de couples que j’ai rencontrés à cette occasion, je peux vous assurer que l’homme et la femme sont toujours impliqués de manière égale dans l’infertilité de leur couple. Il faut être deux pour enfanter mais aussi pour ne pas enfanter ! L’inconscient pèse très lourd… et déjà dans la rencontre amoureuse. Une femme peut choisir, sans le vouloir vraiment, un homme qui a autant de craintes de devenir père (et de raisons de ne pas le devenir) qu’elle d’être mère. Leurs inconscients se reconnaissent, et c’est à leur insu qu’ils mettent toute leur énergie à ne pas avoir d’enfant.
- Adriana épouse Adrien mais le bébé ne vient pas. Avec l’absence de spermatozoïdes chez Adrien, une cause génétique est mise en évidence. Pour les médecins, c’est lui le « responsable » puisque la jeune femme n’a pas de problèmes identifiés. Mais, au cours des entretiens que j’ai avec elle, Adriana révèle qu’elle a été abusée par son père. Pour elle, une grossesse serait vécue comme le fruit de l’inceste. Elle a donc élu inconsciemment un homme dont le sperme est incapable de la féconder.
Certaines affections peuvent-elles avoir une origine psychique ?
Le psychisme est tout à fait capable d’élever des barrières physiologiques pour éviter une maternité ou une paternité indésirable sur le plan inconscient !
L’endométriose : Chez les femmes qui en souffrent, des cellules de l’endomètre – la muqueuse de l’utérus – migrent vers d’autres organes, notamment les ovaires ou les trompes, rendant difficile, voire impossible, une grossesse. On ne sait pas toujours pourquoi elles migrent ! L’ovulation, elle, peut être anarchique ou inexistante à cause de la fatigue, de l’anxiété mais aussi de bien d’autres facteurs… Pour les mêmes raisons, chez l’homme, la production de spermatozoïdes peut également fluctuer.
En matière d’infertilité, chaque histoire est donc singulière…
Les personnes sont différentes, et les verrous de l’infertilité multiples ! Ce n’est pas parce qu’un avortement a entraîné une culpabilité et pesé sur la fertilité de telle femme qu’il en sera de même chez une autre. Souffrir d’une mère ou d’un père absents peut conduire certes à l’infertilité, mais aussi à la boulimie, à l’anorexie ou à de multiples autres difficultés !
Une même cause n’entraîne pas les mêmes effets. Quand on ne peut pas concevoir, il est bon de s’interroger sur son enfance, et sur son histoire familiale transgénérationnelle.
Comment la parole agit-elle ?
Parler de ce qui fait souffrir fait avancer. Chacun redevient alors sujet de sa propre histoire, se réapproprie son enfance, sa place dans sa famille, dans son couple… Les nœuds se desserrent. Mais attention
! La psychanalyse ne possède pas la clé de tous les verrous ! Ce que je cherche à comprendre pour aider mes patients, c’est comment l’infécondité – leur symptôme – s’est construite dans l’histoire de chacun et de leur couple. Des grossesses surviennent mais pas toujours. Parfois même, le travail psychanalytique permet de mettre à jour le désir profond… de ne pas avoir d’enfant...
Mince alors!! quelle saloperie cet inconscient!!