Ici vous trouverez mes aventures (PMA et adoption), mes inquiétudes (comment rester zen ?), mes réflexions (et nos hommes dans tout ça ?) ou mes investigations (le jaune d’œuf aide-t-il vraiment à la fertilité ?).

En octobre 2011 une maison d’édition a proposé de transformer le blog en livre. Nous avons même eu nos 15 secondes de gloire pendant une émission des maternelles en octobre 2012 sur France 5.

Venez vous joindre à toutes les lectrices roses bonbon qui commentent les billets et racontent leurs parcours..

"Le coup de cœur du jour :
Sur Internet, on trouve aussi des pépites... D’ailleurs, les maisons d’édition le savent bien, puisqu’ils ont proposé à la blogueuse Marie, qui écrit à propos de son parcours du combattant, de publier un livre. Alors, je ne peux que vous conseiller ce livre extrêmement bien écrit. Son auteur y détaille ses examens avec truculence, douceur, larmes... Elle incarne à merveille le parcours des femmes dans cette longue attente
."
Extrait de la chronique d'Elsa, Les maternelles, émission du 10/10/12

Chapitre 93 - Cheveux blanc

« Maintenant que vos chats sont castrés, il va falloir surveiller leur alimentation »
Dans la bouche du vétérinaire ça ne parait pas bien compliqué. L’idée d’avoir 2 chats sumos ne nous emballe pas. Nous adhérons donc immédiatement au régime spécial félin.

4 heures du matin. Une petite truffe mouillée vient se poser contre ma joue.
J’ouvre un œil endormi et je vois, collé à mon visage 2 chats voraces et affamés. les crocs sont sortis.
Les petits yeux brillent dans le noir. Flippant !

Je n’ai pas intérêt à bouger sous peine de me faire dévorer vivante. Je referme immédiatement les yeux et j’arrête de respirer. Avec un peu de chance mes chats sont idiots et vont croire que je me suis rendormie. Tu parles ! instantanément le jaune commence à me mordiller l’oreille, tandis que le noir entame un ronron à 5000 décibels. Les murs tremblent. On croirait qu’une gare TGV est à proximité du lit. Même mon chéri, pourtant réputé pour sa capacité à dormir dans n’importe quelle circonstance, se réveille.

Je me lève en ronchonnant pour aller aux toilettes. En posant les yeux sur le miroir bleu, juste au dessus du lavabo, je le vois immédiatement. Long et épais. Il me nargue en se tortillant sur ma tête. Mon premier cheveux blanc ! J’ai 33 ans aujourd’hui. Terrible !

J’éclate en sanglots. Un truc incontrôlable. J’arrose les murs de mes petites larmes salées. Peut être que la tristesse due à l’échec de la FIV sort enfin. Je ne sais pas. Mais en tout cas pas moyen de m’arrêter. J’inonde la litière des chats de mes lamentations.
« 33 ans, toutes mes dents, toujours pas d’enfant et un cheveux blanc ». La vie est trop injuste. Mes deux bébés sumos sont à mes pieds. Ils se roulent au sol pour accompagner mon chagrin. (Bon en vrai je pense que c’est pour me signifier qu’il est temps de remplir les gamelles mais on ne peut pas être certain après tout…) Tragédie Grecque en salle de bain !

Là, s’en est trop pour mon amoureux qui se lève en silence. Je crois apercevoir de la fumée qui lui sort des oreilles. Il remplit la gamelle des somaliens sans parler. Me prend par le bras pour me recoucher et me dit, dans un sourire qui lui mange le visage:

« Marie au lieu de pleurer, va me préparer le café pour le petit déjeuner quand tu n'arrives pas à dormir !»

Tant de culot me fais marrer. J'éclate de rire. La crise est passée. Je me rendors, plus sereine, avec un petit poing levé... Le combat continue et on y croit!

Après la pluie vient le soleil

J’ouvre un œil
Les chiffres rouges du réveil indiquent 7h10
Je referme les yeux heureuse à l’idée qu’il me reste quelques minutes de sommeil…

Instantanément mon cerveau se met à cogiter
J'y crois trop
C'est certain cette fois si je suis enceinte
Et puis non
Je n'y crois plus...

J'ai comme une nausée
Cette fois si c'est sur c'est un signe!
J'ai aussi des petites douleurs, symptôme habituel des règles qui approchent
Donc non je ne suis pas enceinte
Mais pourtant j'y crois
Et puis non je n'y crois plus
J’imagine le coup de fil qui m’annonce une grossesse
L'instant d'après je me vois triste et fatiguée parce non, finalement, la voix du téléphone me donne une mauvaise nouvelle.
Tout tourne dans ma tête.
Pas moyen de dormir quelques minutes de plus…

Finalement je me décide
Je me douche
Déjeune et fonce dans le métro direction le laboratoire
Enfin je vais savoir
Mais au fond je sens que ce n’est pas vraiment la peine de savoir
Je sais déjà
Je suis enceinte c'est certain
Remarquez non
Je ne le suis pas
Évidemment que je ne suis pas enceinte…

L’infirmière me pique en souriant de toutes ses dents blanches
Elle a de longs cheveux brun qui brillent
Elle me prend un peu de sang en me disant qu’elle croise les doigts pour moi.
Elle me précise, prudente, que de toute façon si ce n’est pas pour cette fois ci se sera pour la prochaine.
Je ne sais pas si il y aura une prochaine fois.
A cet instant je ne sais plus rien...

Et puis la réponse tombe
A 12h30
Je ne suis pas enceinte
Ce n'est pas pour cette fois

Tout reste à faire bien sur
Il y a le mariage dans à peine quelques semaines
La procédure d’adoption qui commence
Une 3e FIV peut être dans quelques mois…

Rien n’est jamais définitivement perdu dans la vie
On se bagarre
On tombe et on se relève
On est beaucoup plus solide qu’on le croit

N'empêche
Je ne suis toujours pas enceinte
6 ans d’attente
Et toujours rien
Déjà 2 FIV de loupé
La vie c’est quand même super dur des fois

Je n’ai pas envie d’appeler mon chéri
Ni de me lamenter
Ni rien
Je ne sais pas trop ce que je ressens
A cet instant, je suis juste fatiguée

Je dois rejoindre des collègues pour déjeuner
Impossible de faire semblant d’écouter leurs conversations
J'appelle mon patron pour lui demander mon après midi
"Je me sens un peu malade"

A la sortie du métro je fais quelques courses
Il faut que la pression retombe
J'envoie un sms à mon amoureux qui, gentil, me dit qu'on gagnera la prochaine bataille

En emportant mes sachets vers l'appartement
Je songe qu'il y a tant de gens qui vivent des drames
Je sais que je dois relativiser

Après la pluie vient le soleil
Toujours

Chères lectrices du blog rose bonbon
Je voulais vous remercier et vous dire
Qu’il faut y croire
Et ne rien lâcher
Jamais

J’en suis persuadée
Même à cet instant
Malgré la déception et la tristesse

Humeur du jour: Les bonnes résolutions...

Les résultats de la FIV 2 sont mercredi.
J'ai le sentiment d'avoir plutôt bien géré l'attente cette fois ci.
Un peu d'angoisse, certes, mais pour une fois mon stress n'a pas entraîné de disputes. Un grand pas pour l'humanité! Et je n'ai pas non plus commandé à l'avance les meubles de la chambre du bébé. Vous voyez je m'améliore! :applose:

Mais bon là les résultats sont mercredi et ça approche drôlement!
Et j'ai un peu peur quand même...
J'y crois...

Donc j'ai décidé que c'était le bon moment pour appliquer toutes mes résolutions de 2012! Il parait qu'il faut s'occuper l'esprit pour pas devenir barjo! Très bon aussi pour envisager l'avenir avec philosophie et cela quelque soit le résultat de mercredi...

- J'ai donc commencé fort. J'ai envoyé un mail à mon père où je lui dis ce que je pense de sa réaction à la lecture du livre. Il en fera ce qu'il voudra mais en tout cas c'est envoyé! Vous croyez que je vais devoir arrêter de lire closer maintenant que je suis pleine de zénitude?  :quoi:

- J'ai aussi pris rendez vous pour castrer mes chatons. Les pauvres petites patates commençaient à embaumer la litière d'un fumer un peu gênant... Il vivent leurs dernières heures de mâles dominants. Mon chéri ne s'en remet pas. Il se demande même si ce n'est pas une mutilation interdite pas les droits de l'homme!! Pfffffff

- Nous avons également envoyé l'invitation pour notre mariage. Le 3 mars! Du coup les choses avancent côté procédure d'adoption! Un simple mail pour inviter une 10e d'amis les plus proches et les parents à la mairie. Tout le monde était heureux (Enfin sauf belle maman qui a critiqué la simplicité du mail et aussi le fait que toute la famille ne soit pas invitée... Mais ça on s'en doutait...)

Je crois que j'ai fais le tour... Il n' y a plus qu'à attendre maintenant... Plus que trois jours...

Et vous les filles (Aurèle, Sarounette, bleu d'orage, milamika et toutes les autres également en attente de résultat...) comment vous gérez cette attente? Vous ne virez pas zinzin?

Chapitre 92: Obsession

J’ouvre un œil à 9h15. Les chiffres du réveil clignotent joyeusement et semblent m’indiquer qu’il serait temps de me lever. J’avoue qu’après 6 jours de repos je suis d’humeur fainéante. C’est l’action d’une journée qui, d’ordinaire, me rend pêchue et dynamique.

 Moi  je suis, depuis le transfert de vendredi, telle un ordinateur en veille.

Allez hop ! Je saute hors du lit au son de “September” (de Earth, Wind and Fire). J’adôôôre ! Je me prends pour Omar Sy dans intouchable quand il roule à 200 km/h au début du film ! J’entame un petit pas de danse en me brossant les dents et les chatons m’accompagnent en bougeant leurs  têtes en rythme.

Une fois débarbouillée, je grille mes tartines tout en fredonnant « Il en faut peu pour être heureux, vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire… » (de euh… Baloo et Mowgli ??) et une des deux patates acquiesce en attaquant son pâté au thon.

La journée commence décidément bien. Mais il me manque quelque chose… Sur le coup je ne vois pas bien quoi…

Mais bien sûr ! Il me manque mes douleurs au ventre qui ne me quittaient plus depuis une semaine ! Je lâche mon café pour malaxer mon bidon. Rien. Nada. Je ne sens pas la moindre gêne. Minceeee!!! Si ça se trouve c’est mauvais signe !! Au moins avant je sentais quelque chose qui me faisait espérer une nidation d’un des embryons. Mais là plus rien ne me rappelle par quoi je suis passée. La ponction et le transfert n’ont laissé aucune trace… C’est là que la vraie attente va commencer… L’attente des résultats une fois que la vie normale a repris… Le boulot, les amis, le quotidien avec tout au fond de nous cette pensée obsédante qui ne nous quitte jamais vraiment « suis-je enceinte ? ».

J’arrête tout. Je laisse mon beurre salé sur la table. Il tiendra compagnie à la confiture, et je fonce m’installer dans le canapé pour écouter les 20 minutes de CD de détente spécial FIV. Je plonge motivée dans la lumière dorée et la voix me demande de ne pas m’angoisser. Je dois rester zen et positive. Penser à cet embryon avec bienveillance et songer à l’issue avec philosophie…

En fermant les yeux,  happée par la douce voix, je m'imagine sur un cheval au galop. J’ai les cheveux aux vents. Le soleil brille et je suis heureuse. Au loin j’entends une voix crier « Marie doucement n’oublie pas que tu es enceinte ! » Mince même dans ma rêverie ça me poursuit !!

 J’ouvre les yeux puis les referme pour entamer une autre visualisation positive. Changement de programme. Je me vois à une soirée. Mon chéri et un copain touillent la salade dans la cuisine tandis que je suis avec une amie sur le canapé du salon. La musique est forte et l’humeur joyeuse. On se marre carrément. Les garçons nous rejoignent et remplissent de beaux verres à vin.  Moi on me tend une orangeade. C’est quoi ce tintouin ? Je regarde incrédule mon amie qui me rappelle la bouche en cœur et l’œil brillant de bonheur que je suis enceinte… Ah non !!! Encore !!! Mais ça me poursuit !! Je ne vais donc jamais arriver à me détendre et à penser à autre chose ????

Les filles c’est officiel… Je suis une obsessionnelle !!

Humeur du jour: Et de 2!!

Tout petit billet d'humeur pour vous raconter la suite...

 Finalement Bichât n'a jamais téléphoné et je me suis rendue à la PMA sans avoir beaucoup dormi et pas bien fraiche.

Arrivée devant le bureau de l’histologie on me demande de boire 1/2 litre d'eau ce qui me rassure immédiatement. Ils ne me feraient quand même pas boire s'il n'y avait pas de transfert... Si? Non ils ne sont quand même pas si sadiques??

Une demi bouteille d'eau plus tard on m'apporte des chaussons en papier et on me fait assoir dans le bureau des transferts. Une biologiste toute jeune (c'est pas un peu bizarre qu'ils soient tous si jeunes dans cette PMA??) m'indique que sur les 3 ovocytes nous avons deux jolis embryons qu'on va me transférer de suite.

Enfin! Toute cette galère aura payé! Je vais avoir deux minis nous au chaud dans mon utérus!

Immédiatement après le transfert, j'ai envie de rentrer pour mijoter une délicieuse  brandade de morue à l'huile d'olive histoire de commencer à faire gouter aux petits les plats de mon enfance, mais bon je pense que c'est encore un peu tôt...

En partant l'équipe me souhaite bonne chance.

Là une minute de silence s'impose...

Je suis éblouie par le sourire de mannequin d'un des médecins. Des dents blanches. Des grands yeux noisettes. Le docteur m'amour de Gre'y Anatomy en chair et en os! Là devant moi! J'essuie un filet de bave en songeant que ce n'est pas le moment de lui donner mon numéro de téléphone vu que le papa des embryons attends dans la pièce d'à côté... (Et puis je doute qu'il m’ait trouvé très sexy pendant le transfert avec mes deux jambes poilues en l'air...Bah quoi j'ai pas eu le temps de m'épiler, ça arrive non?)

Mais je vois dans cette apparition un bon signe: c'est sûr cette fois si on va l'avoir notre bébé!

Chapitre 91 : Madame Diallo

Une petite infirmière aimable mais pressée me fait m'allonger sur un des deux lits de la pièce. Il est 7h20 du matin et je suis déjà impatiente d'être à ce soir.

Tout en déposant mon sac et mes vêtements dans le casier prévu à cet effet, une belle dame, un peu forte et très grande vient s'allonger sur le lit d'à côté.

Elle me sourit et me plait immédiatement.

Madame Diallo ne parle pas très bien français ce qui limite un peu nos échanges. Mais elle articule en souriant et recoiffe sans arrêt une large tresse au centre de son crâne. Avant d'enfiler sa blouse en papier bleu spéciale opération, elle portait une immense robe rouge aux motifs dorés. Truc totalement immettable pour la plus part des femmes de ce monde sauf pour elle. Elle était magnifique.

Je suis stressée et l'écouter me raconter sa vie ne me déplait pas. Je me laisse bercer par son récit. Elle me raconte qu'elle en est à sa 4e FIV et qu'elle a peur. Que son mari lui a dit que si ils ne pouvaient pas avoir d'enfant ensemble il devra prendre une autre femme. Ça l'inquiète beaucoup. Je pense immédiatement que c'est quand même gonflé de la part du mari mais je ne dis rien et tente de ne pas le juger. Chaque famille à son mode de fonctionnement après tout. Elle me raconte qu'elle est venue de Mauritanie il y a 6 ans et que la chaleur lui manque. Je la trouve belle et touchante.

Je ne parle pas beaucoup parce qu'elle me fait répéter 3 fois chaque phrases pour bien la comprendre. Je dois choisir mes mots avec attention. Ça me fatigue un peu alors je préfère l'écouter. Je ne perd pas au change.

A 8h on m’emmène dans la salle d'opération. L'équipe est avenante. Je suis beaucoup moins angoissée que pour la première FIV. Tout se passe dans le calme et j'ouvre les yeux dans la salle des réveils.

Immédiatement une douleur me coupe la respiration. Julius et Gustave ont du douiller parce j'ai tellement mal que je dois demander un calmant. Étrange parce que la dernière fois je n'avais eu que quelques petites douleurs irrégulières. Rien de comparable. Je m'inquiète un peu mais je suis encore assommée par l’anesthésie qui me replonge, régulièrement, dans un sommeil agité. A 11h on me ramène dans ma chambre. Mme Diallo dort paisiblement. Je tente de me lever pour aller aux toilettes mais je fais un petit malaise. La douleur est trop vive.

A 13h une grande dame en blouse blanche vient nous trouver. Elle commence par Madame Diallo. Ponction parfaite. 15 follicules prélevés. Je suis contente pour elle.

Ensuite elle se retourne vers moi et son visage se fait plus grave. Elle m'explique qu'elle a pratiqué la ponction et que ça s'est mal passé. Les follicules n'étaient pas de bonnes qualités. Sur les 40 présents ils n'ont pu récupérer que trois petits ovocytes. Elle n'est pas certaine que nous aurons un embryon à transférer vendredi. Elle me dit que la douleur est normale et va passer. Ils ont du trifouiller avec vigueur pour récupérer les 3 pauvres petits ovocytes. Elle me tiendra au courant pour le transfert, me souhaite bon courage et ferme la porte.

Bien sur 3 ovocytes c'est mieux que rien. Nous avons une chance, même si elle est mince. Mais pour moi c'est tout de même un ratage de la ponction numéro 2. Je suis déçue et j'ai mal. Quelle merdier!!

Vers 15h une infirmière en blouse bleue vient me dire que je peux enfin sortir pour rejoindre mon mari. Madame Diallo me sert fort la main et me parle dans sa langue. Je ne sais pas ce qu'elle me dit mais ça semble doux et protecteur.  J'ai quelques larmes qui montent mais je suis trop fatiguée pour pleurer. Je rejoins mon chéri et nous repartons ensemble pour attendre la coup de fils du laboratoire.

Aujourd'hui nous sommes jeudi et j'attends encore le coup de fils!! Il est 11h48 et je ne sais toujours pas si je vais faire mon transfert demain!! Ça me rend marteau!! Respire Marie, respire...

Humeur du jour : la Pétoche !

15h. Coup de fil de la sage femme de Bichat. Les choses se présentent bien. Œstradiol à 1400, une 40e de follicules dont 10 de plus de 15 mm. Ponction prévue pour demain. Enfin !

Étrangement j'oscille entre une joie immense de toucher au but et une autre sensation que j'ai du mal à décrire. Une petite boule dans mon ventre me semble pourtant clairement identifiable. C'est l'Inquiétude ! La trouille ! La couardise! L'effroi! L'épouvante! La frayeur! Le frisson! La hantise! La pétoche! La terreur! Le trac! La flippe! Les chocottes! Les jetons! Je balise! Je fais dans mon slip! Je pisse partout... Enfin bref : j'ai peur !

Peur de quoi me direz vous ? Évidemment ça n'est pas très rationnel...

J'ai peur que ça loupe comme dans un épisode de Grey's anatomy où l'anesthésiste avait mal dosé le produit et la patiente s'était réveillée en pleine opération(*) !

Peur aussi du syndrome Jean Pierre Chevènement. Ça ne vous dit rien? Mais si c'était en 1998. Il avait fait une allergie au produit anesthésiant et avait fait 2 jours de coma. Mais dans son cas ce n'était pas le coma qui était terrible, non, c'est plutôt qu'il s'était réveillé complétement barré et de droite! Deux jours plus tôt il était encore un homme politique de gauche, et un petit coma avait suffit à le faire virer de bord! Dingue! A l'approche des présidentielles ça serait pas de bol quand même !

Bon les filles je me reprends et je vous retrouve après la ponction...


(*) Attendez rigolez pas c'était terrible! Miranda Bailey opère et alors qu'elle tient un poumon ou un truc comme ça dans les mains, la patiente se réveille! La tête qu'elle faisait!! Vous voyez bien que ça arrive! :reflechis:

Chapitre 90: La pharmacienne

Dans la file d'attente de la pharmacie, l'ambiance est moite et orageuse. La queue ne bouge pas depuis 10 minutes. Les numéros défilent au dessus de nos têtes. Personne ne parle.

"Le numéro 66"

Je regarde mon ticket. Je suis le numéro 81... Accroche toi ma fille t'as pas fini d'attendre!
Je respire profondément pour me détendre mais voilà 3 semaines 1/2 que je m'injecte, chaque jour, ma dose d'hormone cancérigène spéciale FIV et rester calme m'est chaque jour plus difficile.

Heureusement malgré ma tension je reste positive. Le matin même, j'avais plaisanté avec l'infirmier maigrichon qui avait attaqué ma veine en serrant les dents.
"Vous avez la peau dure dites donc!"
Oui c'est ça j'ai la peau dure... Respire Marie, respire...

J'avais ensuite papoté avec mon échographe. Elle comptait mes follicules en me donnant les détails du futur mariage de sa fille à New York. Avec délice, je voyageais en pensée tout en maintenant mes jambes écartées.

Julius comptait maintenant 23 follicules. Il avait complètement pété les plombs... Tu seras privé de dessert si tu continues de déconner Julius

En attachant sa longue tignasse flamboyante, mon échographe m'avait informée que si le nombre était impressionnant, le tout était maintenant que les follicules grossissent bien. "Ça avance doucement mais sûrement" m'avait elle dit en ôtant de son chandail noir une mèche de cheveux échappée de sa coiffure .

Doucement mais sûrement... Je suis donc bonne pour encore 4 jours d'injections de Puregon. Bon sang de bon sang j'ai hâte que tout s'arrête!!

C'est à peu près à ce moment, plongée dans mes pensées, que la pharmacienne me demande de m'avancer vers son comptoir.
- "Le numéro 81"
- "oui oui c'est moi Madame"
- "Ce sera pour?"
- "J'ai besoin d'une autre boite de Puregon pour mon traitement".
J'explique, sûre de moi, en tendant mon ordonnance à la femme revêche qui tapote nerveusement sur le comptoir. Je rigole en pensant que son mari ne doit pas se marrer tout les jours. Mais, ELLE, ne plaisante pas. Pas un sourire. L'heure est grave et elle me le fait savoir.
- "Mais enfin Madame il fallait commander avant. Nous n'avons pas de ce produit en stock."
Je tente bien d'expliquer que j'avais commandé 2 boites ne pensant pas qu'une troisième me serait nécessaire mais elle enchaîne sans m'écouter.
-"Je commande le produit pour demain matin."
-"Ah non désolé mais j'en ai besoin pour mon injection de ce soir..." J'avais parlé avec empressement et angoisse.
La réaction est immédiate. Le regard noir de mon interlocutrice me transperce. Elle crispe son visage en me fixant avec sévérité.
-"Elle ne m'a pas compris la petite dame? Il fallait commander avant. Pas de produit en stock. Ni ici, ni dans aucune autre pharmacie d'ailleurs. Personne n'a ce type de produit en stock. Ça sera pour demain. Fin de la discussion. Numéro 82"

J'hallucine! Plus désagréable tu meurs!! Évidemment j'aurai du faire un scandale en faisant remarquer que la moindre des politesses et de parler gentiment aux clients. Mais j'ai trop d'hormones en moi. Je ne suis plus vraiment maître de mes réactions. Je reste donc là. Bouche bée par tant de bêtise. A cet instant le monde est trop brutal pour moi et pour mes ovaires dopés. Je suis submergée et j'éclate en sanglot! Réaction certes totalement disproportionnée mais incontrôlable.

Mais pas un petit sanglot féminin et mignon comme dans les films. Non moi je pleure comme un camionneur. J'arrose tout autour de moi. J'ai le nez rouge. Je renifle. Je hoquette. Je ne contrôle plus rien. J'ai 2 ans et je fais une colère devant la méchante pharmacienne qui n'a pas voulu me donner mon bonbon.

La vieille dame endimanchée à ma droite me fixe, inquiète pour ma santé mentale. Le grand monsieur en parka à ma gauche me jette des œillades compatissantes et regarde avec mépris la vilaine pharmacienne. Les boites de sirops posées sur le comptoir sont inondés. Pris en pitié un chien dans la rue hurle à la mort. Les cachets d'aspirines effervescents glapissent de plaisir et commencent à bouillonner sous l'effet de l'humidité.
Enfin bref, dépression nerveuse au comptoir d'une pharmacie parisienne. La honte absolue!

Comme il faut agir vite, le visage de la pharmacienne change. Ces joues rosissent. Elle regarde ces pieds et me tend une main salvatrice pour m'emporter vers un comptoir libre à l'autre bout de la pièce. Seule, loin de la foule, elle s'excuse de sa brutalité. (Oui vous avez bien lu, elle s'est excusée!!) Elle m'explique qu'elle va trouver une solution et elle attaque un gros bottin pour appeler les pharmacies du quartier. Elle me sourit et prend un visage décidé.
"Ne vous en faites pas, je vais vous trouver votre médicament!

Après 10 minutes et 7 coups de fils elle me tend un petit papier où est inscrit l'adresse de la pharmacie la plus proche qui m'attend avec le saint Graal à disposition. Elle avait gagné son combat du jour. Fière d'elle, elle me serre la main avec poigne et vigueur avant d'ajouter: "Bon courage pour votre traitement."


Incroyable!!! Il avait suffit de quelques larmes (bon j'avoue que c'était plutôt une crise de nerf!) pour que j'obtienne mon médicament...

Donc ça marche! Il suffit de pleurer à grosses gouttes pour obtenir ce qu'on veut dans la vie... Certes certain dirons que c'est humiliant mais bon je suis trop pleine d'hormones pour m'arrêter à ce type de détail...

Mais pourquoi on ne fait pas çà plus souvent les filles?

- Exemple devant son chéri: "Chéri tu veux du colin ce soir. Non tu préfères du steak? Comment ça non? Mais on a pas de steak!" et PAF crise de larmes!
- Ou devant son patron: "Alors vous êtes d'accord pour mon augmentation? Non? Comment ça non?" et Paf crise de larmes!!
Rigolez pas si ça se trouve ça peut marcher!!

Chapitre 89: Gustave et Julius

 Ce qui est amusant quand on est en plein protocole c’est que toute votre attention se porte sur un coin totalement oublié de votre anatomie. Dans mon cas mes pensées se tournent, à chaque instant, vers Gustave (mon ovaire droit) et Julius (mon ovaire gauche).

Le matin je dis bonjour à Gustave en caressant du regard Julius (je ne voudrais pas qu’il soit jaloux).

Bref, je m’amuse bien avec mes deux nouveaux meilleurs amis.

Hier matin échographie de contrôle. Gustave mesure 35 mm et compte 16 follicules. Julius lui en compte 15.

Léa la muqueuse se molletonne doucement. Tout se passe bien jusqu’à présent.

En me tendant un papier pour m’essuyer, mon échographe, une grande femme plutôt jolie, m’explique que les choses commencent bien mais qu’il va falloir faire attention à ne pas trop doser le traitement pour ne pas risquer l’hyper stimulation.

Je la regarde de travers tout en jetant le papier devenu visqueux à la poubelle. Comme dans une pub pour un champoing, elle secoue sa longue chevelure rousse avant d’ajouter : "Gustave est en forme mais il ne faudrait pas trop le doper quand même."

Bon peut être qu’elle ne l’a pas appelé Gustave, certes…

En rentrant je me couche en mâchouillant une clémentine et je félicite les petits du travail accompli. « N’écoutez pas cette mégère d’échographe les enfants, vous avez bien travaillé et je vous fais confiance ».

Je me dis qu’un peu de flatterie ne faisant pas de mal, autant que mes ovaires soient de bonnes humeur. Surtout de Gustave me fait un peu mal, par intermittence, alors je préfère qu’il gazouille de plaisir ça me semble moins douloureux.

« En principe ponction pour mardi ou mercredi prochainLes petits on approche du but… »

Plongée dans ma douce rêverie (de barjo!!) je n’entends pas venir mon chéri. Il fait irruption dans la pièce l’air menaçant en me demandant qui est ce Gustave pour qu’il lui arrange le portrait…

Je rigole en pensant que décidément c'est nul les garçons...

Et moi et moi et moi!!!!

Ma photo
Bonjour à tous, j'ai 32 ans, cela fait déjà 6 ans que je mène mon combat contre l'infertilité. De visites chez des docteurs plus ou moins compétents en courbes de températures... D'examens ubuesques et d'inséminations en fécondation in vitro... Nous sommes déjà le 26/07/11 et toujours pas de bébé... je crée aujourd'hui ce blog pour vous raconter mon histoire, pour partager avec ceux que cela intéresse mon expérience, entre rire et déprime, dans l'espoir de pouvoir fonder une petite communauté de soutien autour de ce sujet difficile qu'est l'infertilité... N’hésitez pas à partager avec moi vos expériences et puis c'est sûr un jour on y arrivera!!!