Chapitre 120: Poupou et Loulou

Ce qui est étrange c’est que des enfants on en rêve. On se projette dans les siestes calines tous entasser dans le lit parental. Dans les week end à la mer. Mais en même temps, quand on a eu ni enfant ni petit frère, comme mon amoureux et moi, ça a quelque chose d’angoissant. Serons nous à la hauteur ? Comment fait on pour ne pas le perdre au super marché ?

Par exemple l’autre jour.

Une de mes meilleure amie m’appelle pour savoir si elle peut me deposer Poupou et Loulou pour le week end.

Immédiatement je suis heureuse de la perspective et de la confiance qu’elle me fait.

« Mais carrément depose les nous sans problème on va les gâter tes petits ! »

Quand la porte sonne et que papa et maman nous sourient, Poupou dans les bras et Loulou roulé en boule sur le sol, forcement on commence un peu à flipper.

La liste des indications est longue :

« tu fais des pates, va au plus simple pour éviter les crises...»

« le soir un DVD de CARS pour endormir Loulou devrait suffir... Ok c'est pas très pedagogique mais tu verras ça va te servir... »

Etonnament la litanie ne me gêne pas. Au contraire. Cela m’apaise presque parce que tant que la voix maternelle se fait entendre c’est que nous ne sommes pas seule avec les deux petits monstres !

Finalement papa et maman nous embrassent, ma copine me sert un peu plus fort que d’habitude dans ses bras, me dit « Bon courage, soit forte », se marre et clac la porte. Dans le couloir on entend un cris de bonheur « Enfin libre » puis plus rien.

Avec Sidi on prend une grande inspiration puis, un peu tremblant, on se retourne. Poupou, 8 mois, me fixe avec ses immenses yeux bleux de tortue equatorienne et Loulou, 3 ans, le cheveux hirsute et l’œil rotor nous regarde sans sourire.

Pas un bruit dans notre petit F2. Les deux camps de jaugent et se confrontent du regard façon western. On entend le tic tac du reveil sur la table de chevet. J’ai une petite goutte de sueur qui coule sur mon front et j’entends Sidi qui degluti un peu plus fort que d’habitude.

C’est Loulou qui rompt le silence le premier.

« Zon fait quoi maintenant tonton Marie et tata Zidi » ?

Je me marre en me disant qu’il va falloir que j’informe les parents que Loulou a du mal à différencier le masculin du feminin.

Mais la question est posée. On fait quoi ?

« Zon va au parc ? »

Decidement ce petit est plein de ressources.

Et c’est parti pour le parc. J’installe Poupou dans son siège que je pose sur mes épaules. Je sangle l’armature metallique avec energie autour de ma taille et immédiatement une douleur lancinante me fait maudir l’inventeur de cette machine de torture.

Sidi est en charge de Loulou. C’est la tâche la plus compliquée parce qu’il faut constemment courir derrière lui. Mon amoureux, qui est pourtant assez sportif, est laminé en à peine 30 minutes par un petit garçon blond de 3 ans. Loulou court. Encore et toujours. Jamais il ne s’arrête. Il voit une feuille et court derrière. « Oh un baton » et hop court dans l’autre sens. « Oh tonton Marie t’as vu dans le ziel le nuage ? » et hop il court vers on ne sait pas du tout quoi. Le perdre des yeux 1 minutes equivaut à se faire distancier de 5 kilometres d’un coup. Moi je m’amuse bien en voyant mon Sidi tout en sueur courir derrière un tout petit garçon dopé aux petits suisses.

Rapidement je constate aussi qu’un petit garçon de 3 ans c’est totalement bipolaire. Loulou rit en courant après une balle. N’arrive pas à la rattraper, s’imobilise et explose en pleure. Notre petit Loulou haut comme 3 pommes se roule sur le sol et hurle son chagrin. On s’approche pour le consoler et hop il file à tout allure en sens inverse en se marrant. Bizarre…

Comme mon paquet me cisaille les epaules, je tente le tout pour le tout et je pose Poupou dans l’herbe. Ca doit tenir debout ses petites choses là, non ? Et bien non. Poupou se met à ramper sur l’herbe humide. Bousille son joli body couleur chair et comence à mastiquer des petits morceaux de gravier.

Moi je le regarde desemparée en hurlant « Bon Sidi t’as fini de t’amuser en courant partout on rentre maintenant ! »

De retour à la maison, vers 19 heures, un ouragan nous submerge. C’est peut être du à l’heure tardive pour deux petits enfants, mais à l’instant où la porte se ferme Poupou et loulou deviennent incontrolables.  

Mon amoureux tente de faire avaler ses pates alphabet à un Loulou pleurnichar « Ze veut ma maman, tes pates elles sont pas bonnes » tandis que j’essaie de mettre son pyjama à Poupou. Je pose une serviette au sol. Je depose le bébé dessus et j’ouvre son body. Là une question me vient immediatement à l’esprit :  ça a un sens une couche ?

Bon finalement il est 21 heures. Avec mon chéri on ne s’est pas parlé plus de 3 minutes dans la journée. On a pas mangé non plus d’ailleurs. Loulou regarde son DVD couché sur le canapé du salon transformé en lit de fortune tandis que Poupou chouine dans son lit parapluie retranché dans notre chambre.

Nous on est recroquevillé l’un contre l’autre sur un lit gonflable installé dans un coin du salon. Malgré la fatigue on s’amuse bien à regarder les petites voitures colorées se poursuivrent sur l’ecran.

22 heures arrive. La musique du générique nous fait somnoler et là une petite voix nous demande « Zon fait quoi maintenant ? » Non mais il plaisante ? Il n’est donc jamais fatigué ce môme ?

Le plus drôle, dans toute cette histoire de baby sitting, c’est qu’à 1 heure du matin, quand nous nous sommes couchés heureux du devoir accompli (aucun des bébés n’est mort, grande victoire!) je me suis tout de suite dis que j’avais trop hâte que notre petit bout arrive… Folie quand tu nous tiens!!